Arménie : un archevêque se rend aux autorités, en pleines tensions entre l'Eglise et le pouvoir

Arménie un archevêque se rend aux autorités, en pleines tensions entre l'Eglise et le pouvoir

Un archevêque que la police a tenté d'arrêter en Arménie s'est présenté de lui-même vendredi aux autorités de ce pays du Caucase, deux jours après l'arrestation d'un autre opposant et religieux accusé de tentative de coup d'Etat.

Pendant la journée, des agents de police masqués ont essayé d'entrer au siège de l'Eglise apostolique - la principale en Arménie - pour arrêter l'archevêque Mikael Adjapahian, selon des images de la télévision.

L'intéressé a alors dit qu'il accepterait de se rendre, tout en clamant son innocence.

"Ceci est un acte illégal flagrant contre moi", a-t-il dénoncé. "Je n'ai jamais été une menace envers mon pays. La menace réelle vient du gouvernement. Je ne me cacherai pas".

Des habitants et des prêtres de Vagharshapat, une ville à l'ouest de la capitale Erevan, ont fermé les portes de l'enceinte de la cathédrale.

L'archevêque est arrivé un peu plus tard au siège du Comité d'enquête arménien, devançant son arrestation.

Jeudi, les autorités avaient annoncé l'ouverture d'une enquête contre Mgr Adjapahian, accusé d'avoir lancé "des appels publics à prendre le pouvoir (...) et à renverser par la violence l'ordre constitutionnel".

Ces tensions entre l'Eglise et les autorités interviennent au lendemain du placement en détention de 15 personnes, dont l'archevêque Bagrat Galstanian, une figure de l'opposition au Premier ministre Nikol Pachinian.

Les autorités soupçonnent Mgr Galstanian, 54 ans, arrêté mercredi, d'avoir "acquis les moyens et les outils nécessaires pour commettre des actes terroristes et prendre le pouvoir", selon le Comité d'enquête arménien. La défense dénonce, quant à elle, une affaire à caractère politique.

En 2024, Bagrat Galstanian avait pris la tête de manifestations dont les participants reprochaient au chef du gouvernement d'avoir cédé des territoires à l'Azerbaïdjan voisin, le rival historique de l'Arménie, et réclamaient sa démission.

Début juin, les relations se sont à nouveau dégradées quand le Premier ministre a appelé les fidèles de l'Eglise apostolique, très influente en Arménie, à renverser son chef, Garéguine II, qui l'a critiqué à plusieurs reprises sur sa gestion de la crise du Karabakh.

Ancien journaliste et élu d'opposition, Nikol Pachinian est arrivé au pouvoir en 2018, à la suite de manifestations dont il avait pris la tête.

La Rédaction (avec AFP)

Crédit image : KAREN MINASYAN / AFP / Des manifestants entourent l’archevêque Bagrat Galstanyan, leader de la protestation, lors d’une marche contre le transfert de terres à l’Azerbaïdjan, à Erevan, le 9 mai 2024.

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